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Commissariat, Le motif dans le tapis,
Paris, janvier 2020

Le motif dans le tapis

Aam Solleveld aime les motifs géométriques. Pour elle, ils représentent la nature, ils sont au coeur de celle-ci, au sein de son architecture microscopique, invisibles à l’oeil. Comme, par un effet de loupe, Aam Solleveld entend nous les révéler en positionnant des formes géométriques géantes dans la ville.

L’artiste invite le promeneur à fouler un damier immense, à traverser un plateau de jeu mystérieux. Le visiteur devient comme un personnage de fiction entrant à pieds joints dans le tableau. « Je vois les contours fluides comme des formes qui reflètent les lois d’un étang », dit-elle.

L’asphalt est pour elle comme une flaque d’eau immense après une averse de pluie. Les ondulations, les lignes courbes entrent en opposition formelle avec les motifs géométriques immenses qu’elle insert dans ce paysage. Aam Solleveld propose également des jeux de contours, avec des lignes fluides qui entourent les différents éléments meublant la place : l’entrée du métro, le manège, les rochers d'escalade, les babyfoots, etc.

Avec ce jeu de contours et de trames, un ensemble est formé, les éléments divers font un tout. La trame relie tous les éléments du parc entre eux. Virtuose du mélange de références a priori inconciliables, Solleveld formule un univers nouveau modelé à partir d’inspirations centripèdes.

L’artiste flirte avec « la grammaire de l’ornementation ». A sa manière, elle renoue avec la tradition ornementale mauresque dessinant des motifs déjà connus, mais en les appliquant de manière inédite. Son oeuvre puise aussi dans l’héritage du mouvement De Stijl fondé au Pays-Bas en 1917. Aam Solleveld explore, à son tour, les questionnements de ce groupe d’artistes et d’architectes : la question de la limite de l’oeuvre, le damier, la modularité, le lien entre intérieur et extérieur, l’usage de la ligne noire (etc). Mais, chez elle, pas de dogmes, l’artiste compose, imagine, invente, modèle, dessine librement, se saisissant de l’architecture et du paysage comme d’une matière première.

Si on cherche une raison à tout cela, il faut la chercher dans la trame, car « le motif est dans le tapis » pourrait-on dire pour reprendre le titre de la nouvelle éponyme de Henry James.

 

 

Courtesy Aam Solleveld & we want art everywhere

Commissariat, Le motif dans le tapis,
Paris, janvier 2020

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